COLLOQUE DE LA REVUE L’AUTRE CAEN - 22 ET 23 MAI 2025
- Prisme Sante Mentale
- Activités en 2025
DONNER DU SENS À LA MALADIE ET AU MALHEUR :
QUELLE PLACE POUR LES THÉORIES DE NOS PATIENTS D’ICI ET D’AILLEURS ?
Professionnels de la santé, du social, du médico-social ou de la justice, ne nous sommes-nous pas déjà tous retrouvés impuissants face à une personne qui nous évoquait des causes spirituelles, la sorcellerie ou le mauvais-œil pour expliquer ce qui lui arrivait ? Quelle place pouvons-nous et devons-nous laisser à ces théories ? Que viennent-elles dire de la compréhension du patient sur ce qu’il traverse et comment les inclure dans l’accompagnement ou le soin proposé ?
La question du sens est au cœur de nos prises en charge. Les constats sociaux et les diagnostics médicaux (somatique ou psychiatrique) ne peuvent répondre à cette question du sens : Pourquoi cela survient ? A ce moment là ? A cette personne là ? Mettre du sens sur ce qui nous arrive est un besoin qui nous concerne tous, il est universel. Cependant la perception que nous avons de ce qui nous arrive dépend de nos représentations culturelles, de notre environnement, de notre histoire familiale et ce qui nous a été transmis.
L’approche transculturelle s’intéresse à cette question du sens culturellement codé, en s’appuyant sur le décentrage et le complémentarisme. En somme, elle permet d’entendre autrement, pour mieux se comprendre. Cette approche utilise la culture comme levier thérapeutique et comme facilitateur du lien professionnel-patient. Elle questionne également sur notre propre rapport aux théories étiologiques : en France, après le siècle des Lumières et l’apport de la science, quelle place leur donnons-nous ? Le recours aux sorciers normands, bien décrit par Jeanne Favret Saada, est par exemple souvent honteusement caché. Pourtant, du sens qui sera énoncé, suivront des actions à mener, des rituels à réaliser, qui feront partie intégrante du parcours de soins du patient. Cela implique alors d’accepter le déplacement de la question du savoir, le patient devenant « sachant » au même titre que le professionnel, chacun dans son domaine d’expertise.
Lors de ce colloque international de la revue L’autre, nous réfléchirons ainsi aux différentes représentations qui peuvent exister de la maladie, du malheur et de ses traitements. Nous interrogerons la place des théories culturelles dans différents domaines, tels que l’histoire, la périnatalité, l’éducation, l’école, les soins, le rapport au corps et à l’invisible. Nous nous intéresserons à comment comprendre, accompagner, soigner, au mieux les personnes et les familles, en les aidant à ordonner le désordre, à penser l’impensable, à donner « du sens à l’insensé » selon la belle expression de Zempléni.